La muse ment et l'amant peine
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La muse ment et l'amant peine

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 Mes bouquins refermés ..., de Stéphane Mallarmé..

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AuteurMessage
Jadranka
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Jadranka


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Mes bouquins refermés ..., de Stéphane Mallarmé.. Empty
MessageSujet: Mes bouquins refermés ..., de Stéphane Mallarmé..   Mes bouquins refermés ..., de Stéphane Mallarmé.. Icon_minitimeSam 18 Mar - 12:54

Mes bouquins refermés sur le nom de Paphos,
Il m'amuse d'élire avec le seul génie
Une ruine, par mille écumes bénie
Sous l'hyacinthe, au loin, de ses jours triomphaux.

Coure le froid avec ses silences de faux,
Je n'y hululerai pas de vide nénie
Si ce très blanc ébat au ras du sol dénie
A tout site l'honneur du paysage faux.

Ma faim qui d'aucuns fruits ici ne se régale
Trouve en leur docte manque une saveur égale :
Qu'un éclate de chair humain et parfumant !

Le pied sur quelque guivre où notre amour tisonne
Je pense plus longtemps peut-être éperdument
A l'autre, au sein brûlé d'une antique amazone.



Ce poème parut sous le titre "Autre sonnet" dans La Revue indépendante de janvier-mars 1887. Il était précédé de trois sonnets qui témoignent d'une même inspiration : "Tout orgueil fume-t-il…"Surgi de la croupe et du bond…", et Une dentelle s'abolit…". Ce groupe de trois sonnets pourrait s'intituler "sonnets négatifs" : ils transposent sur le plan de la rêverie poétique l'absence, le non-être d'un objet (chambre, coupe).
Le poète part d'un fait précis et banal pour créer un univers poétique et idéal : l'ablatif absolu séparé du reste du texte par une virgule semble isoler le fait qui est le point de départ de la rêverie. Coïncidence ou effet voulu, ce sonnet est le dernier du recueil et c'est ainsi sur le nom de Paphos que le lecteur refermera le livre des Poésies de Mallarmé. Le nom de Paphos semble être jeté ici au hasard, pour son harmonie, ses sonorités pures qui évoquent la Grèce. En réalité il n'en est rien: ce n'est qu'après les longs détours de la rêverie poétique que nous comprendrons la raison d'être de ce mot, auquel répond exactement le terme d'amazone qui clôt le poème. Donnons tout de suite la clé de l'énigme : Paphos, située à l'est de Chypre, passait pour avoir été fondée par les Amazones. On peut penser également à une influence de Baudelaire qui place ce mot dans son poème de Lesbos, Quoi qu'il en soit, le poète part de ce mot aux sonorités suggestives pour imaginer par un jeu de l'esprit (il m'amuse d'élire avec le seul génie : génie au sens de "faculté créatrice") un paysage de chaleur et de lumière, sous le ciel lointain de la Grèce, celui de Paphos au temps de sa splendeur (Sous l'hyacinthe, au loin, de ses jours triomphaux). On peut rapprocher cette rêverie poétique de quelques lignes de Baudelaire: " Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones/Je fermerai partout portières et volets/ Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais".
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