Un policier a été tué et un autre grièvement blessé
au cours de violents affrontements entre supporteurs, vendredi 2
février à Catane (Sicile), lors du derby sicilien avec Palerme comptant
pour la 22e journée du championnat de football de série A.
Les incidents entre groupes d'ultras des deux clubs ont éclaté hors du
stade, alors que des tifosis de Palerme tentaient de pénétrer dans
l'enceinte.Les premières
violences se sont produites avant le match alors que des hooligans
supporteurs de l'équipe hôte faisaient barrage pour empêcher les
supporteurs de Palerme, escortés par la police, de gagner leurs places
dans les tribunes. A l'extérieur du stade, les échauffourées ont
dégénéré en une véritable guérilla urbaine après l'arrivée de renforts
policiers. Neuf manifestants, dont quatre mineurs, ont été arrêtés,
tandis qu'une centaine de blessés légers ont dû recevoir des soins.Le coup d'envoi du match avait été donné dans ces conditions de tension extrême. Momentanément interrompue par l'arbitre à la 58e minute après l'utilisation de gaz lacrymogènes par la police, la partie est finalement allée à son terme. "On ne savait rien, on ne nous a rien dit", a assuré Francesco Guidolin, l'entraîneur de Palerme.La
Fédération italienne de football (FIGC) a aussitôt décidé de suspendre
tous les matches de football du week-end, depuis la Serie A jusqu'aux
championnats amateurs. La rencontre internationale amicale entre
l'Italie et la Roumanie, prévue mercredi 7 février, a également été
annulée.Selon le commissaire extraordinaire de la FIGC, Luca Pancalli, la mesure a été prise "pour un temps indéterminé", car, a-t-il précisé, "sans mesures drastiques, on ne repart pas". Une réunion entre les autorités du sport italien et le gouvernement est prévue lundi 5 février."DONNER UN SIGNAL FORT ET CLAIR"Dans un communiqué, le président de la République, Giorgio Napolitano, a dénoncé les dérapages "qui salissent les valeurs du sport et offensent la conscience civique du pays". Pour le président du Conseil, Romano Prodi, "il est nécessaire de donner un signal fort et clair".
Un week-end sans sport avait déjà été décrété, en janvier 1997, après
la mort d'un supporteur de Gênes, poignardé par des ultras du Milan AC.Sergio
Campana, le président de l'association des joueurs italiens, plaide
quant à lui pour l'interruption des matches de football "pendant un an, afin que tout le monde puisse réfléchir sur les maux qui le minent".Depuis
dix ans, l'Italie n'est pas parvenue à éradiquer la violence dans et
autour des stades. La mort d'un fan de Naples, en 2004, avait causé une
émotion considérable, conduisant le gouvernement à renforcer la
sécurité des compétitions par une série de contraintes à la charge des
clubs, des instances sportives et des collectivités territoriales.
C'est d'ailleurs pour "raison de sécurité" que Catane-Palerme, prévu
dimanche, avait été avancé à vendredi soir : on craignait des
représailles après les incidents qui avaient fait une cinquantaine de
blessés lors du match aller.Ironie du sort, une minute de
silence avait été observée avant le coup d'envoi en mémoire d'un
dirigeant d'un club amateur de Calabre, décédé le week-end précédent
d'une crise cardiaque au cours d'une rixe entre ses joueurs et des
supporteurs adverses. Le policier tué à Catane, Filippo Raciti, 38 ans,
aurait été asphyxié par les émanations d'un gros pétard lancé dans sa
voiture. Les jours de son collègue ne seraient pas en danger.
Jean-Jacques Bozonnet
Article paru dans l'édition du 04.02.07. dans le Monde