Jadranka Rang: Administrateur
Nombre de messages : 1213 Age : 39 Localisation : Lyon/Saint-Etienne Date d'inscription : 16/01/2005
| Sujet: Nautilus in the sky.. Mer 30 Mai - 21:04 | |
| L’exposition qui inaugure la Galerie s’empare de la forte présence de cette architecture, dans un dialogue sollicitant l’imaginaire et l’expérience de l’espace. Deux approches artistiques, celles de Micha Laury et de Philippe Cognée, se trouvent juxtaposées dans cet espace, et se conjuguent pour tendre un miroir à la nef qui les accueille. Les œuvres, de grande taille, sont confrontées aux volumes imposants dessinés par l’architecte Philippe Audart, qui a joué des ruptures et des contrastes pour cette partie du bâtiment. Les méduses géantes de Micha Laury, accrochées au plafond, invitent le visiteur à un voyage paradoxal, entre suspension aérienne et plongée subaquatique. Cette vision romanesque et métaphorique aiguise tout autant la perception réelle et bien physique (une traversée impressionnante entre les tentacules) qu’elle perturbe les repères du genre sculpté : surenchère de la dimension, utilisation d’un matériau mou, parcours à l’intérieur de l’installation, mobilité des tentacules, couleurs douceâtres… autant de correctifs apportés à la première impression de réalisme, et autant de portes ouvertes sur la sensation et la métaphore : un voyage dans le vaisseau du capitaine Nemo, comme entrée dans une bibliothèque… La deuxième partie de l’exposition poursuit cette divagation sur l’espace et le corps, avec les grandes peintures à la cire de Philippe Cognée. Les sujets choisis, bâtiments gigantesques ou rayonnages de supermarché, questionnent cette fois notre rapport au lieu construit. Ils forment un tissu d’allusions à la situation de la Bibliothèque de la Part Dieu, et à son identité particulière. La bibliothèque, lieu de l’accumulation et de l’appropriation des savoirs, est à deux pas du centre commercial de la Part Dieu, temple de la consommation de masse. La peinture de Cognée d’ailleurs, bien plus que d’autres, convoque toutes les strates de la conscience : le réel - il est avant tout un peintre figuratif - l’imaginaire, et le symbolique. La puissance native imprimée à ses peintures, sensible dès le premier regard, est transmise notamment par les effets de format, et de matière, mais aussi par la puissante charpente de ses compositions. A ces vecteurs classiques du langage pictural, s’ajoute l’iconographie de Philippe Cognée ; travaillée fortement par l’histoire de l’art, (il a peint des autoportraits, des vanités, des nus, des quartiers de viande, des foules…), elle est profondément liée à notre époque et à ses technologies : les immeubles sont tirés d’images de webcams, et de manière générale Philippe Cognée utilise la photographie comme source de ses peintures. Enfin, la fameuse technique à la cire chauffée au fer, qu’a mise au point Philippe Cognée, produit ce brouillage de l’image qui renvoie la représentation au second plan, pour conduire le regard dans les abîmes de la pure picturalité. L’exposition inaugure donc un bâtiment, en restituant un peu des pensées et des projections qui agissent dans l’architecture : les représentations et les intentions qui président à toute construction, et le rapport problématique de l’homme à son lieu, qu’il soit construit ou onirique. Expo dans la galerie de la bibliothèque de la Part-Dieu, jusqu'au 9 juin! Visite commentée et gratuite le 2 juin à 15h!! | |
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