Ô longs désirs, ô espérances vaines,
Tristes soupirs et larmes coutumières
A engendrer de moi maintes rivières,
Dont mes deux yeux sont sources et fontaines !
Ô cruautés, ô durtés inhumaines,
Piteux regards des célestes lumières,
Du coeur transi ô passions premières,
Estimez-vous croître encore mes peines ?
Qu'encor Amour sur moi son arc essaie,
Que nouveaux feux me jette et nouveaux dards,
Qu'il se dépite, et pis qu'il pourra fasse :
Car je suis tant navrée en toutes parts
Que plus en moi une nouvelle plaie,
Pour m'empirer, ne pourrait trouver place.
Louise Labé, bien que née au 16è siècle, a mené une vie terriblement romanesque et orageuse ; son tempérament bouillonnant l'impliquait dans divers amours dont elle exprimait ensuite la substance en des vers charmants. Son oeuvre est composée de 24 sonnets et de 3 élégies qui expriment le plaisir des sens et la passion amoureuse. Malgré certaines préciosités anachroniques maintenant, les poésies de Louise Labé conservent la puissance et l'actualité de ce qui est immuable, ici la passion et les tourments d'Amour. Du côté littéraire, Louise appartenait à l'école lyonnaise, dont faisait partie Maurice Scève (très peu connu de nos jours, lui aussi). On la connaît beaucoup mieux sous le surnom de la "Belle Cordière".
Que pensez-vous de ce sonnet?? Je le trouve extrèmement pessismiste, une femme "lasse" de l'amour, du moins, lasse d'échecs?? Quel est votre point de vue??