Diffusion, origine et fonctions du chamanisme..

En général, le chamanisme est corrélé à une région comprenant le centre et le nord de l'Asie, même s'il a peut-être subi l'influence des cultures palies de l'Inde, et s'étend sous une forme atténuée en Europe, sans doute par l'intermédiaire des Scythes et des Thraces, jusqu'en Grèce (où des motifs mythiques et rituels sont présents dans différentes traditions), et certainement dans le monde geriuanique. On retrouve en effet autour du dieu Odin une série de thèmes qui renvoient à l'initiation du chaman, révélant des liens surprenants avec le rituel symbolique typique de l'homme-médecine (définition récente du chaman).

Aujourd'hui, les spécialistes ne considèrent plus le chamanisme comme un phénomène religieux uniquement indo-européen, car on relève plusieurs caractéristiques de ces rites chez les Indiens d'Amérique du Nord et dans de nombreuses traditions de l'Océanie.
Le chamanisme originaire de Sibérie et d'Asie centrale a beaucoup conditionné celui d'Amérique du Nord et du Sud. Le chamanisme japonais a une autre importance, du fait de sa grande diffusion, encore de nos jours : il est plus difficile d'identifier les liens culturels entre le premier noyau asiatique et ses manifestations australiennes et océaniennes.
Si l'on souhaite lire le chamanisme en fonction des peuples et non des aires géographiques, il convient de spécifier que le phénomène (compris comme expérience extatique, symbolisée par des références aux mythes de la cosmogonie universelle) est une tradition typique des populations ouralo-altaïques (Bouriates, Samoans, Iakoutes, Toungouses, etc. ) et de celles des régions arctiques européennes (Lapons). C'est à partir de ce noyau que le chamanisme s'est répandu dans d'autres régions.
Les sources les plus anciennes remontent au XIIIème siècle et proviennent des chroniques de voyageurs européens qui se sont aventurés en Asie et en Sibérie. Le choc avec les premiers missionnaires a donc été moins douloureux que celui qui a caractérisé l'évangélisation d'autres régions. Le pragmatisme du chamanisme se présente effectivement comme une pratique individuelle, sans lieux de culte, prêtres ou liturgie. Il s'agit d'un rituel complexe n'impliquant pas la religion, d'une expérience dont on trouve la trace chez les Australiens, les Chinois, les Indiens d'Amérique et qui, amalgamée à la culture et à la religion de chaque ethnie, révèle un contexte commun magique et symbolique à la fois.

Selon certains anthropologues, l'augmentation du nombre de chamans serait directement proportionnelle à la crise d'un groupe victime d'instabilité sociale. Le chaman servirait donc à ramener l'équilibre en « canalisant » les tendances névrotiques collectives. Il irait même jusqu'à intégrer le névrotique dans le groupe en attribuant à sa névrose un sens et une place tenus pour des avantages syinboliques vu réels. Le chaman joue un rôle social important ; c'est une référence, surtout dans les sociétés dénuées de référents précis, pour assurer un rapport concret entre le coininun des mortels et le sumaturel. Sa grande force physique acquise lors du parcours initiatique, son pouvoir de contrôler les esprits et d'être le messager des dieux modèlent un personnage extraordinaire au sein de la vie traditiunnelle et religieuse des hommes, toujours en quête d'aides supérieures pour se soustraire, justement, à leur condition de mortels. Pour de nombreux spécialistes, le chaman, doué d'une forte personnalité, impossible à cataloguer, se dédie totalement à la vie et à une oeuvre positive, sans jamais recourir à la magie noire.