Sommes-nous gouvernés par nos gênes?

Il y a cinquante ans, Watson et Crick découvrent la structure de la molécule d'ADN. L'ère du "tout génétique", qui suppose que la séquence de l'ADN représente l'unique support matériel de l'hérédité, s'ouvre. Les gènes sont alors considérés comme les maîtres de notre destin.

Mais ce n'est pas si simple. La séquence du génome n'est pas à elle seule le "livre de la vie". L'ADN n'est pas une entité magique dotée de tous les pouvoirs pour déterminer l'identité et le fonctionnement des êtres vivants.



Différents malgré un ADN identique
Pour preuve, des animaux clonés. Ils possèdent le même code génétique. Eh bien leur pelage est, magré tout, différent. On a par exemple cloné un chat noir et blanc. Sa copie était noir et blanc, mais son pelage était arrangé différemment. L'expérience a également été réalisée avec une vache, et a donné le même résultat. Pourtant dans les 2 cas, l'ADN des clones est le même. Il existe donc autre chose que l'ADN qui influence l'aspect physique.

Une autre illustration, encore plus spectaculaire, en est la comparaison d'un papillon et de la chenille dont il est issu : ces deux animaux, si dissemblables possèdent pourtant exactement le même ADN !

Enfin, chez les humains, les vrais jumeaux offrent également un exemple intéressant : bien que génétiquement identiques, ils n'ont pas les mêmes empreintes digitales.


L'influence de l'environnement
Or, une opinion répandue est que c'est l'ADN qui détermine l'aspect physique de l'individu associé. En réalité, il ne fait qu'y contribuer, pour une très large part. C'est l'environnement qui conditionne la façon dont il s'exprime.

Par exemple, la formation des empreintes digitales subit l'influence de l'environnement. Dès la formation des embryons, les individus ne sont plus exactement dans le même environnement, malgré leur implantation dans le même utérus. Ces légères modifications suffisent à créer des empreintes digitales propres à chaque individu. Il en est de même pour la couleur des yeux. Cette caractéristique n'est pas non plus purement génétique : on connaît des vrais jumeaux ayant une couleur d'yeux différente.

Je suis moi même un fervent défenseur de la thèse selon la quelle c'est l'expérience qui prime sur l'héritage (bon sang ne saurait mentir, hum!). Toutefois, certain chercheurs affirment que l'ADN va primer (avec une influence de plus de 90% si je le souviens bien du chiffre entendu il y a plus d'un an...) sur le comportement des individus...
Personnellement, j'ose espérer que si on clonait un nazi, il éviterait de trop jouer avec le four, mais Sarkozy semble bien persuadé qu'il existerait un gène de la pédophilie entre autre...
Je trouve un peu réducteur de dire qu'il suffirait de modifier un gène chez certains individus pour pouvoir lui faire prendre le trottoir de gauche plutôt que celui de droite, pas vous?

Je suis tout à fait d'accord. Si tout était d'origine génétique, je pense qu'il y aurait une diversité bien moindre au sein de nos espèces puisque le processus d'évolution aurait été bien freiné. Heureusement que l'environnement ou l'éducations interviennent.

Par contre pour les jumeaux, êtes vous sûr qu'ils ont le même ADN? Il me semble que non mais je peux me tromper.

Pour compliquer encore, je croit me souvenir que j'ai entendu il y a quelques temps que des scientifiques soutenais une thèse plutôt inhabituel: la mère contrôlerais inconsciemment les gènes qu'elle transmet au petit, avec parfois quelques modifications, en fonction de sa propre expérience et de l'environnement, ce qui permettrait justement une évolution plus rapide des espèces...
A quand le lapin avec filtre anti pollution intégré?

Pourquoi un lapin avec filtre anti pollution???

Oui enfin des thèses comme ça, tu peut en trouver tous les jours je pense. Le monde scientifique est bourré de charlatan et de menteur. Comme dans toute catégorie de la population.

Serait tu en train de dire que la science est la poubelle des politiques, ou ceux qui ne mentent pas assez bien finissent par se retrouver? (enfin, quand ils échappent a la prison pour détournement bien entendu!)

Euh non je ne disais pas ça du tout! Mais il y a eu des affaires louches avec des scientifiques. Notamment une avec un scientifique coréen qui a menti à propos de ses recherches sur le clonage humain. Alors oui, cela existe. Mais je ne vois aucun lien avec la politique où il n'y a pas que des menteurs non plus. Enfin quand tu te limites au conseillers municipaux. Pour être maire il faut déjà être menteur je pense... Et plus loin, supermenteur...

Seb13 : pour l'ADN des jumeaux, si ce sont des vrais jumeaux, leur ADN est identique, si ce sont de faux jumeaux, leur ADN est différent.. Mais après, le "pourquoi" des vrais jumeaux qui ont des yeux différents, je ne saurai vraiment pas l'expliquer.

Tlenka => je ne pense pas que la mère puisse contrôler les gènes qu'elle transmet au petit. C'est le foetus lui même qui se développe différement selon le contexte (bruit, froid, nourriture, ...) dans lequel il se forme..

Voilà qui pourra également vous faire poser de bonnes questions :




Un papillon et la chenille dont il est issu possèdent exactement le même ADN. Mais dans les 2 cas, il n'est pas exprimé de la même façon. Ce qui déclenche le changement d'expression du génome ? On connaît notamment des hormones qui activent ou répriment certains gènes, elles-mêmes dépendant des conditions environnementales. C'est sans doute l'illustration la plus spectaculaire qui montre que l'ADN ne détient pas tous les pouvoirs sur un être vivant.

Les lois de Mendel sont parfois malmenées. En témoignent quelques exemples qui prouvent que l'hérédité, ce n'est pas si mathématique. Parfois "l'acquis" se transmet…


Couleur et stress non mendéliens

Il y a plus de 50 ans, le généticien Alexander Brink découvre chez le maïs un phénomène de transmission de pigmentation des grains sur plusieurs générations en l'absence du gène censé induire ce caractère. Il invente le terme de paramutation ou épimutation.

Plus tard, des chercheurs suisses, montrent que les plantes héritent du stress de leurs parents. Les pressions environnementales auxquelles elles sont exposées se traduisent par des modifications de leur génome qu'elles passent à leurs rejetons.

Ces derniers présentent la même instabilité génomique, sans avoir été eux-mêmes exposés au stress. Chose que la théorie génétique de l'hérédité ne peut expliquer, puisqu'elle ne conçoit pas qu'un changement de l'environnement puisse provoquer de façon ciblée des mutations de l'ADN.




Et chez les hommes ?
Enfin, en mai 2006, une équipe du CNRS de Nice montre cette fois qu'une souris peut naître avec une queue blanche… alors que son ADN code bien pour un pelage uniforme gris.

A la suite d'une série d'expériences génétiques, l'équipe de chercheurs a montré que cette queue blanche est héréditaire… mais ce caractère n'est pas porté par de l'ADN mais par de l'ARN ! Les épimutations existent donc aussi chez les mammifères.

Cette hérédité particulière est-elle aussi observable chez l'humain ? Une étude concernant la famine aux Pays-Bas en 1945 a montré que les enfants nés pendant cette période étaient de poids faible. Plus surprenant, leurs enfants étaient aussi de petit poids. Mais reste à démontrer que ce phénomène est bien dû à des mécanismes épigénétiques. Il faudrait mettre en évidence, par exemple, une activation anormalement élevée d'un gène.

Cette preuve ultime chez l'humain, les chercheurs ont bon espoir de la trouver en utilisant des modèles animaux.